4 Février 2020

Présentation

OBJECTIFS DÉTAILLÉS

Lancé au début des années 2000 par le CNES, le programme « Soyouz en Guyane » visait 3 objectifs :

  • compléter la gamme de lanceurs décollant du Centre Spatial Guyanais à un moment où le retrait d’Ariane 4 laissait vide la niche des lancements de charges utiles de poids moyen. Avec une capacité d’emport de 3,2 tonnes en orbite de transfert géostationnaire (GTO) et de 4,8 tonnes en orbite basse (LEO), Soyouz se situait entre le petit lanceur européen Véga (de 300 kg à 2 tonnes de charge utile en LEO) et le lanceur lourd Ariane 5 (de 5,9 à 10 tonnes en GTO).
  • développer une coopération spatiale forte, et dans le long terme, avec la Russie dans le domaine des lanceurs.
  • ouvrir la possibilité de réaliser des vols habités depuis le CSG.

Il a permis de confier au mythique lanceur russe des satellites de défense dont l’export en Russie n’était pas envisageable et de lancer des satellites institutionnels européens, tels que Galileo, depuis le port spatial de l’Europe.

Les fusées Soyouz sont une évolution du lanceur Vostok, lui-même dérivé du missile balistique R-4 Semiorka. Cette grande famille de lanceurs est légendaire : c’est elle qui a placé sur orbite le 1er satellite (Spoutnik 1 en 1957), le 1er être vivant (la chienne Laïka en 1957), le 1er homme (Youri Gagarine en 1961) et la 1ère femme (Valentina Terechkova en 1963). Toutes versions confondues, le lanceur Soyouz compte en 2019 près de 1 900 lancements avec un taux de réussite de 98 %. Jusqu’en 2011, ces lancements étaient uniquement réalisés depuis le cosmodrome de Plessetsk en Russie et de Baïkonour au Kazakhstan. Depuis 2011, ils se déroulent aussi depuis la Guyane.

Grâce à un effet de fronde maximal procuré par la position équatoriale du CSG, le lanceur Soyouz ST est capable d’emmener 3,2 tonnes en orbite de transfert géostationnaire contre 1,7 tonnes depuis le cosmodrome de Baïkonour.

Soyouz, UN Lanceur LÉgendaire

Le 12 avril 1961, Youri Gagarine décollait à bord de la fusée Vostok 1, prédécesseur de Soyouz.

HISTORIQUE DU PROGRAMME

La France, dont la collaboration avec la Russie remonte à 1966 dans le domaine spatial, a pris l'initiative du projet de faire décoller Soyouz de Guyane.

  • 1999 : 1ère étude française sur la possibilité d’implanter Soyouz au CSG. Cette possibilité était évoquée par les russes depuis la création de Starsem en 1996.
  • Fin 2001 : 1ers pourparlers officiels sur le projet entre la France et la Russie. 
  • Mai 2002 : signature d’un protocole d’accord entre Arianespace, l’Agence spatiale russe (alors Rosaviakosmos) et Starsem portant sur l’implantation de Soyouz en Guyane. Cet accord définit les principes généraux de répartition des tâches entre l’Europe et la Russie ainsi que la politique d’acquisition des lanceurs.
  • Juin 2002 : décision du conseil de l'ESA d'ouvrir le port spatial de Guyane au lanceur russe Soyouz.
  • Septembre 2002 à juillet 2003 : étude préliminaire de conception préfinancée par la France conjointement par le CNES, Arianespace et Starsem, l'Agence Spatiale Fédérale russe et les sociétés russes TsSKB-Progress, KBOM et NPO-Lavotchkine.
  • Mai 2003 : les ministres européens votent la résolution de programme présentée par l’ESA.
  • Novembre 2003 : signature d’un accord intergouvernemental confirmant la volonté de la France et la Fédération de Russie d'autoriser des lancements commerciaux de Soyouz depuis la Guyane. Cet accord donne le cadre juridique de l’implantation de l’ensemble de lancement Soyouz au CSG. Il clarifie les conditions dans lesquelles la France autorise les lancements Soyouz depuis le CSG et dans lesquelles la Russie fournit les lanceurs.

Vue aérienne de l’Ensemble de lancement Soyouz au CSG en construction en 2009. Crédits : ESA/CORVAJA Stéphane, 2009.

  • Février 2004 : conseil de l'ESA à l’issue duquel 7 pays membres de l'ESA (Allemagne, Autriche, Belgique, Espagne, France, Italie et Suisse) décident de participer au programme « Soyouz en Guyane ». Arianespace apporte un financement privé pour couvrir les activités confiées à la partie russe. Début des terrassements au CSG pour la construction de l’Ensemble de lancement Soyouz (ELS).
  • Avril 2004 : l’ESA désigne le CNES comme « architecte système » du programme et maître d’œuvre de l’ensemble des contrats industriels. 
  • Juillet 2004 : modification de l’avant-projet : il est décidé d’introduire un portique mobile dans le design de l’ELS à la place d’une tour de lancement fixe.
  • Décembre 2004 : tenue d’un nouveau conseil de l’ESA qui décide le démarrage officiel du programme « Soyouz au CSG ». 
  • Janvier 2005 : début de la 2e phase des terrassements au CSG.
  • Février 2007 : début de la construction des bâtiments et du pas de tir de l’ELS.
  • Mai 2011 : l'ELS est achevé.
  • Octobre 2011 : 1er lancement Soyouz depuis le CSG

Premier lancement Soyouz (VS01) depuis le CSG, le 21 octobre 2011.

VERSION DU LANCEUR

Soyouz ST est la variante « Spécial Tropiques » de Soyouz-2 qui se distingue de Soyouz-1 par :  

  • l’introduction de l’étage supérieur Fregat (en remplacement d’Ikar) développé par le constructeur russe NPO-Lavotchkine à partir du système de propulsion des sondes spatiales martiennes russes,
  • le remplacement des moteurs des 1er et 2e étages (Soyouz 2-1a et Soyouz ST-A) mais aussi du 3e étage (Soyouz 2-1b et Soyouz ST-B) par des moteurs plus puissants,
  • le remplacement du système de contrôle et de télémesure analogique par une version numérique plus performante.

En plus, Soyouz ST intègre des adaptations liées aux conditions météorologiques de la Guyane (2 800 mm de pluie par an à Kourou contre 290 mm/an à Baïkonour), à la sécurité des personnes et des biens lors des lancements conformément à la loi française.

Ouverture de la coiffe du lanceur Soyouz. Illustration d’artiste. Crédits : ESA/CARRIL Pierre, 2011.

Le saviez-vous ?


Soyouz vient du russe Ñîþç qui signifie « union ». Au départ le lanceur Soyouz ne s’appelait pas « Soyouz » mais « Lance-Soyouz » ou « Soyouz U ». Jusqu'à ce que la fusée prenne définitivement le nom du vaisseau Soyouz qu’elle transporte dans le cas de vols habités.

Séparation du 3ème étage du lanceur Soyouz et de l'étage supérieur Fregat avec les 2 premiers satellites de la constellation Galileo. Illustration d’artiste. Crédits : ESA/CARRIL Pierre, 2011.